Mardi 8 mai 2018, 13h15. Aéroport Roissy Charles de Gaules. Monsieur BG et moi sommes en salle d'embarquement. Lui, un sac à dos sur les épaules ; moi, cramponnée à la lanière de mon riquiqui sac à main. C'est qu'on a décidé de voyager léger. Et le peu de bagages nous accompagnant pour ce bref voyage d'à peine 2 jours à Liverpool est, à ce moment là, le cadet de mes soucis.
2ème fois de ma vie que je mets les pieds dans un aéroport et 1ère fois que je m'apprête à monter dans un avion. Je suis totalement flippée. J'ai à peine touché à ma salade avant de passer les portiques de sécurité et me reviennent en tête les dizaines de cauchemars que j'ai pu faire les semaines précédant ce fameux voyage. Prendre l'avion était encore quelque chose de totalement impensable pour moi. Et puis vient le moment d'emprunter la passerelle d'embarquement qui mène à l'intérieur de l'avion. J'ai les jambes en coton et je me cramponne à la main de Monsieur BG. Je n'arrive pas à réaliser que je suis en train de le faire. Oui, ça peut paraître ridicule pour ceux qui prennent l'avion comme ils montent dans une voiture mais pour moi, c'est quelque chose d'énorme et la notion de dépassement de soi prend soudainement tout son sens dans mon esprit un chouïa paniqué.
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Nous trouvons rapidement nos places dans le petit Easyjet et je me demande vraiment ce que je fous là. J'essaye de faire bonne figure en regardant les autres passagers s'installer mais l'ambiance confinée de l'avion et le tout petit hublot avec vue sur le tarmac me donnent envie de chialer. Le processus dure une éternité et je me mets inconsciemment en mode survie. À savoir : regard dans le vide et oreilles imperméables à toutes les consignes de sécurité ô combien anxiogènes. Et puis l'avion se met en branle. Impossible pour moi de regarder dehors. Je suis envahie par un sentiment de mort imminente comme dans mes cauchemars. Monsieur BG, à côté de moi, me rassure. Moi, je me focalise sur les images diffusées sur la tablette d'une passagère assise devant moi qui, elle, n'a strictement rien à faire de tout ce branle-bas de combat. Je me mets à pleurer en silence tout en mâchouillant mon chewing-gum comme une tarée (mes mâchoires s'en sont souvenues). Je ferme les yeux. L'avion se met à rouler sur le tarmac et ça dure une éternité. Mon coeur bat à 1000 à l'heure et j'espère secrètement ne pas me rendre compte du décollage, rouvrir les yeux et voir que nous sommes dans le ciel et que tout va bien dans le meilleur des mondes. Oui, c'est débile et c'est long, très long. Le temps que l'avion se mette sur la bonne piste de décollage, ce sont bien 5 bonnes minutes qui s'écoulent. Je finis donc par rouvrir les yeux et vient le moment où le pilote mets les gaz.
Et là, le déclic. Un sentiment indescriptible. Une sensation de liberté incroyable. Je nous vois quitter le sol et prendre notre envol et je suis... surexcitée. Prendre l'avion pour la 1ère fois de sa vie c'est tout aussi flippant que magique et j'ai la tronche collée au hublot durant toute l'heure que dure le trajet. Nous traversons la Manche et découvrons les premières côtes anglaises avec émerveillement. Et puis nous avons à peine le temps de souffler que l'avion amorce déjà sa descente sur Liverpool. L'atterrissage se fait en douceur (c'est étonnamment quelque chose qui ne me faisait pas du tout peur) et les premières gouttes de pluie s'abattent sur nos têtes lorsque nous faisons notre premier pas sur le sol britannique (so cliché !).
Ce voyage de 2 jours à Liverpool était prévu de longue date (je vous en avais déjà parlé
ici). Nous avions prévu d'aller voir Tears For Fears en concert à l'Echo Arena ce fameux 8 mai 2018. Malheureusement, entre temps, le concert a été annulé mais Monsieur BG a quand même tenu à ce que nous fassions le voyage parce que cela faisait 4 ans que nous n'étions pas partis quelque part tous les 2. Et donc nous y étions enfin. Notre 1ère fois en Angleterre à tous les 2.
Nous sortons de l'aéroport John Lennon et attendons le bus qui mène au centre de Liverpool. Nous avions réservé une nuit dans un chouette appart' hôtel situé en plein centre ville. Et je me souviens tout particulièrement de ce 1er trajet dans le bus à impériale. Il pleuvait des cordes, l'accent anglais nous cernant de toute part. Honnêtement, nous ne comprenions absolument rien. Moi qui pensais être plutôt calée en anglais, l'accent de Liverpool (le "scouse") m'a finalement donné bien du fil à retordre durant tout le séjour. Je fais la vraie touriste, je filme tout le trajet avec mon APN. Monsieur BG et moi sommes en pâmoison devant l'architecture anglaise, ses maisons toutes collées les unes aux autres avec leurs bow-windows, l'absence de volets, les pelouses extra-vertes, les écoliers en uniformes, la conduite à gauche. Le dépaysement est total mais on se sent tout de suite étonnamment bien.
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Monsieur BG n'aurait pas pu mieux choisir l'emplacement de notre hébergement. Plus au centre de Liverpool, ce n'était pas possible ! Le
Caro Short Stay Parker Street (notre appart' hôtel) est situé au coeur des rues piétonnes de Liverpool, juste au-dessus d'un Superdrug (imaginez mon état d'hystérie totale quand j'ai découvert ça), à 3 pas de Primark, Top Shop, Urban Decay (oui, il y avait une boutique Urban Decay !!) et de tous les magasins possibles et inimaginables. Vous la voyez la tronche de la nana trop heureuse de la vie sur la photo ci-dessus ?
Nous avons passé notre premier après-midi à flâner dans les boutiques du centre ville. On s'est perdus dans l'immense John Lewis (équivalent anglais des Galeries Lafayette selon moi) pour faire du change (initialement). J'ai bavé sur toutes les marques de cosmétiques introuvables en France et j'ai été étonnée par les prix, parfois bien moins élevés qu'en France après conversion en euros. Comme nous n'étions partis qu'avec un sac à dos pour 2, nous savions que nous ne pourrions pas ramener grand-chose avec nous. J'ai donc été on ne peut plus raisonnable côté shopping et n'ai finalement ramené avec moi que des petits souvenirs pour ma fille et mes proches.
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Après une petite sieste bien méritée dans notre appartement (nous étions claqués car nous avions quitté la maison tôt le matin), nous avons continué de flâner dans les rues de Liverpool, nous imprégnant de l'atmosphère anglaise si différente de la nôtre. Les gens nous ont paru plus cool qu'en France, plus ouverts (et beaucoup moins frileux !). Nous avons eu un vrai coup de coeur pour l'architecture industrielle de la ville, ses grands bâtiments mêlant vieilles pierres, briques rouges et ouvrages en métal, le tout savamment mélangé aux styles néo-classique et victorien.
Le soir, nous avons dîné sur Hanover Street au
Red's True Barbecue, un genre de steakhouse à l'ambiance résolument rock que je vous recommande les yeux fermés. Outre la très bonne musique et le décor garage/industriel savamment étudié, nous nous y sommes régalés. Je crois n'avoir jamais mangé un aussi bon burger que là bas. Le personnel était d'ailleurs très agréable et nous y sommes restés au moins 2 bonnes heures à nous goinfrer, à profiter et à regarder la nuit tomber sur la rue traversée par les fameux taxis noirs anglais.
Une fois le ventre bien (trop) rempli, et malgré le vent marin plutôt (très) frais, Monsieur BG et moi avons décidé de nous faire un petit Liverpool by night à pied. L'avantage de cette ville, c'est que tout le centre est à taille humaine. Nous y avons d'ailleurs très rapidement pris nos marques malgré la nuit, nous repérant grâce à la fameuse et immense Radio City Tower.
Nous nous sommes alors dirigés vers l'endroit de Liverpool que j'ai préféré : les docks. J'ai trouvé cet endroit absolument magique. Baigné par les eaux de la Mersey (fleuve se jetant dans la Mer d'Irlande), l'atmosphère y est totalement unique. L'Albert Dock est d'ailleurs considéré comme une oeuvre d'art en matière d'architecture portuaire et est inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Il y avait de la féérie dans l'air, entre les arbres illuminés par des myriades de guirlandes électriques, les imposants bâtiments maritimes, le Mermaid House ("maison de la sirène" en français dans le texte) et les immenses bateaux d'époque restés à quai. L'air était chargé d'embruns et il y avait cette étrange sensation de bout de monde que Monsieur BG et moi avons trouvée très romantique.
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Après une bonne nuit de sommeil, nous avons profité de notre second et dernier jour à Liverpool pour davantage nous promener dans le centre historique. Nous étions pour ainsi dire obligés de nous arrêter du côté du
Cavern Club sur Matthew Street, là où les Beatles ont joué pour la toute première fois devant un public. L'empreinte des Beatles est logiquement présente un peu partout dans la ville (statues, bars, hôtels). Nous sommes aussi tombés sur
Probe Records, le mythique disquaire de la ville.
Monsieur BG tenant à ce que nous prenions un vrai bon gros petit déjeuner à l'anglaise, nous avons été bruncher au
Moose Coffee. Nous nous sommes là encore régalés. Les recettes étaient finalement plus américaines/canadiennes qu'anglaises mais l'ambiance british, elle, était bel et bien présente question décor. Une fois encore, le personnel était au top malgré la salle archi-bondée. Je me souviens avoir avalé une énorme assiette composée de deux tortillas recouvertes d'haricots rouges et d'oeufs frits, le tout accompagné de sour cream et de cheddar fondu. Un délice ! J'y ai aussi bu un jus de cranberry à se damner.
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La navette nous emmenant à l'aéroport étant prévue pour 16 heures, il ne nous restait ensuite plus énormément de temps devant nous pour flâner. Nous avons quand même eu la chance de traverser le très vert et apaisant Saint John's Garden caché derrière le Saint George's Hall (immense bâtiment de style néo-classique renfermant des salles de spectacle et un tribunal) et de contempler ses magnifiques statues mémorielles avant de retourner une dernière fois sur les docks, incontestablement notre endroit préféré de la ville, sous un ciel de plus en plus menaçant.
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Retour à l'aéroport John Lennon. Alors que la pluie nous a fichu une paix royale durant tout notre (bref) séjour, voilà que les fenêtres du bus se retrouvent une nouvelle fois noyées sous les gouttes. Le sac à dos de Monsieur BG est au bord de l'implosion, témoin de nos multiples passages chez Primark ainsi que dans les boutiques de souvenir les plus kitchs de la ville (je n'ai pas pu résister à la tasse à thé à l'effigie de Meghan Markle et du Prince Harry dont le mariage s'est déroulé 10 jours plus tard), et nous sommes déjà nostalgiques de notre voyage éclair.
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J'appréhende beaucoup moins le vol retour et je filme d'ailleurs le décollage (au lieu de fermer les yeux comme une débile). Le trajet se déroule dans une ambiance paisible et nous assistons à un spectacle saisissant lorsque nous volons au-dessus des nuages tandis que le soleil commence à se coucher, tout doucement. Une poignée de minutes plus tard nous apercevons déjà les lumières de Roissy qui scintillent et l'avion entame alors sa lente descente vers le sol français.
Il nous faut un petit moment pour atterrir, au sens propre comme au sens figuré. L'agitation parisienne nous assomme un peu (les Liverpuldiens ne connaissent apparemment ni moto ni klaxon et on s'y habitue vite !) mais nous sommes heureux d'être de retour. Notre fille nous manque. Dexter aussi. Et nous avons hâte de déballer tous nos souvenirs et de regarder nos photos, comme pour se dire que non, nous n'avons pas rêvé.
Nos adresses :Hébergement |
Caro Short Stay Parker Street - 11-17, Parker Street, Liverpool.
Brunch |
Moose Coffee - 6, Dale Street, Liverpool.
Dîner |
Red's True Barbecue - 51, Hanover Street, Liverpool.